Interdit aux chiens et aux italiens

Le vendredi 22 mars, au Studio 43, toutes les classes de troisièmes ont assisté au visionnage du film d’animation « Interdit aux chiens et aux Italiens », réalisé par Alain Ughetto. Celui-ci met en scène l’histoire de sa famille, plus particulièrement de ses grands-parents, Cesira et Luigi, dans leurs pérégrinations liées à l’Histoire, qui ne les épargnera guère. Le visionnage fut suivi d’un échange animé par les membres de la LICRA.

Laissons les 3e5 nous parler du film.

Quelles scènes vous ont marqués ?

Les scènes retenues par les élèves sont souvent les plus tragiques, liées à des coups du sort ou du destin, ou celles qui soulignent la pauvreté de cette famille, contrainte alors à l’émigration et à devenir des étrangers en France.

  • « La scène du film qui m’a marqué, écrit Anicet, est celle du moment où Luigi partage une seule pomme de terre en cinq car cela montre vraiment la pauvreté et la misère dans lesquelles vivaient leurs familles. »
  • Soulaimane, comme Amine, a retenu la scène « où l’on voit le bateau couler alors que la famille voulait émigrer en Amérique et vivre le rêve américain. Ils ont perdu toutes leurs économies, et surtout une machine à coudre très chère. »
  • Marc a retenu la scène suivante : « Quand Luigi et son frère vont faire la Première guerre mondiale. On voit que le frère de Luigi et sa fiancée se mentent dans leurs lettres, en écrivant que tout va bien alors que tout va mal et qu’en fin de compte le frère de Luigi mourra après avoir menti pendant
  • quelques mois. »
  • Le viol de la Louisa (Cassandra, Suzon) : « Elle montre la réalité brutale de l’époque et les violences que les femmes subissaient pendant la guerre. »
  • La scène où Antonio meurt en sautant sur une mine (Lorenzo) : « cela montre la violence de la guerre. »
  • « La scène où la famille voit leur maison se faire détruire sur leur terrain Paradis par des bombes, écrit Léonie, car cela m’a rendue triste, ils étaient heureux dans leur petit coin de «paradis » et on le leur a enlevé », émotion partagée par Kyle, Asma ou Méline.
  • La scène qui explicite le titre (Suzon, Ana, Nolan, Kamylle, Ambre). Laissons Nolan nous la raconter : « La famille de Luigi arrive devant un café français. Sur la porte de ce café, il y a une pancarte où est inscrit : “Interdit aux chiens et aux Italiens”. Luigi, le père, a très bien compris le sens réel du message. J’ai vraiment apprécié l’explication qu’il a donnée à ses enfants afin de préserver leur innocence. En effet, il dit que c’est parce que les Français ont peur que les chiens mordent les Italiens. »

Quels personnages vous ont marqués ?

Le réalisateur, Alain Ughetto, met en scène ses grands-parents, en laissant le roman familial se raconter par la voix de Cesira, sa grand-mère. Ce sont évidemment ces personnages principaux qu’ont choisis les élèves.

  • Cesira pour Cassandre est « une mère très courageuse qui fait tout son possible pour protéger ses enfants. Elle est déterminée à survivre dans des conditions très difficiles. » Suzon précise : « J’aime bien ce personnage car elle est toujours en mouvement, elle cuisine, coud, fait le ménage et fait aussi le travail des hommes partis à la guerre en plus de s’occuper de ses enfants. Elle reste forte malgré leur situation. » Avis partagé par Kyle, Kamylle, Ambre.
  • Mathys, Noa, Méline, Clément ont été marqués par Luigi. Pour Joe-Louis, Luigi est le « personnage que j’admire le plus car il travaille pour le bien de sa famille, pour nourrir sa famille », c’est l’incarnation de la valeur « travail », Anicet a été marqué par « tout ce qu’il a accompli », Nolan souligne que « c’est un homme bon qui fait tout pour sa famille. Son enfance n’a pas été facile parce qu’il a connu la misère en Italie. (…) Il a même pris part à la Première guerre mondiale. (…) Sa vie n’a pas été facile et il n’a jamais baissé les bras. » Asma ajoute : « Des trois frères, Luigi est celui qui a le plus de maturité. (…) Pendant que le village faisait la fête, Luigi n’abandonnait pas et continuait à se démener. »
  • Pour Valerio, il s’agit de Vincent, « fils de Luigi et père d’Alain, le réalisateur. Il m’a marqué lorsqu’il a créé sa machine à électricité car cette électricité a servi pour la radio, pour savoir les informations sur la guerre. »

Un film pour les enfants ?

« Beaucoup de thèmes difficiles sont abordés tels que la mort, le départ pour l’armée, la pauvreté, la migration…» (Léo) Valerio a noté que tout était suggéré : la mort n’est jamais montrée. Ainsi, Asma, marquée par la scène du bombardement du « Paradis » de notre famille, a été surprise par la main de René, l’un des fils, sortant des décombres et allumant la radio, alors qu’elle le pensait mort. Kamylle fait alors le commentaire suivant : « Le film reste un peu humoristique malgré ces sujets forts. »

Un avis ?

« J’ai bien aimé le film pour le côté historique et parce que c’est un film contre le racisme et le fascisme » (Marc). Ana donne même une dimension féministe au film : « [il] nous montre que les femmes doivent se débrouiller seules et faire le travail que les hommes font habituellement et en plus de cela elles doivent s’occuper de leurs enfants.» Rachelle rappelle que « c’est l’histoire d’une famille qui a vraiment existé » et que Kamylle trouve « attachante ». Cette dernière ajoute : « J’ai beaucoup aimé la façon dont le réalisateur a représenté l’histoire de ses grands-parents, et l’originalité : je n’avais jamais vu de film fait en pâte à modeler et à la main. »

Léo commente : « Tout d’abord je fus surpris quant au style d’animation proposé par ce film, n’ayant plus vu d’utilisation de ce style depuis mon enfance. » Nolan précise qu’il s’agit de la technique du stop-motion qui, selon lui, « a permis d’atténuer les parties tragiques de l’histoire comme par exemple la mort des frères de Luigi, Antonio et Guiseppe. »

Asma a trouvé elle aussi ce film original car « l’auteur participe au film en expliquant l’histoire de ses grands-parents (…) et crée l’animation en direct comme les personnages en pâte à modeler ou en leur donnant leurs accessoires. »

Ambre conclut : « Je savais qu’il existait toute sorte de racisme mais faire un film sur ces inégalités nous fait vraiment nous rendre compte des choses. »

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