Semaine Non Au Harcèlement – les 3e au cinéma : Je verrai toujours vos visages

Le film aborde le thème de la justice restaurative (parfois appelée justice réparatrice ou justice restauratrice) qui confronte les victimes d’infractions à leurs auteurs. Le choix a été fait en classe de 3e6 de mettre l’accent sur l’échange qui se déroule au sein d’une prison, en référence à l’affiche du film.
Trois victimes de vols, Sabine, Nawelle et Grégoire, vont rencontrer durant plusieurs mois trois auteurs de ce même type d’infraction : Issa, Nassim et Thomas. Le but est d’essayer de comprendre les raisons qui poussent les uns à se mettre hors-la-loi, et les autres à ne pouvoir oublier leur traumatisme, malgré le jugement du procès.

Quel passage du film avez-vous préféré ? Résumez le passage et expliquez pourquoi il vous a marqué.

Pour Lizéa, c’est la première rencontre où chacun, auteurs et victimes, se présente avec honnêteté. Pour d’autres, l’une des séquences finales, celle où victimes et auteurs de délits « parlent en riant (…) : ils ont appris à se comprendre » et à être « plus en confiance » (Charlotte, Kelly, Jade). Pour Kelly, ils ont « évolué » car ils « se sont tous écoutés » (Lilou et Gabin).
Pour Angéline, c’est « quand Sabine se confie (…) et que tous, délinquants et victimes, se mettent à côté d’elle pour la consoler » ; pour Ilian, quand Nassim dit à Nawelle qu’il a enfin compris les paroles de sa sœur grâce à elle ; pour Louise, lorsque Nassim raconte son home-jacking avec force détails. Pour Lydia, lorsque Nawelle remercie Nassim de lui avoir permis de comprendre que la peur est un sentiment partagé entre l’auteur du braquage et sa victime est une scène importante : « elle a souffert pendant cinq ans et une seule phrase l’a aidée à aller mieux ».
La séquence où Grégoire interpelle Issa sur son absence à la deuxième rencontre a retenu l’attention de Lydia car, sous cette question anodine, Grégoire l’interroge sur sa responsabilité dans les délits qu’il commet. Pour Lydia, comme pour Théo, « l’on voit qu’il va mal et qu’il en veut à la terre entière. »

Parmi les six personnages réunis lors des rencontres à la prison, quel personnage avez-vous préféré ? Pourquoi ?

● Issa « a l’air gentil, il relativise, il essaie de se défendre, mais au final assume ses actes et se sent coupable. » (Sacha)
● Nawelle car pour Romane, en remerciant Nassim, « elle met aussi sa fierté de côté ». Pour Maël, « elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense aux prisonniers, c’est elle qui essaie le plus de comprendre les raisons de leurs délits », pour Angéline : « on se rend compte que si on est victime, même brièvement, dix minutes peuvent changer entièrement la vie de quelqu’un. »
● Nassim a été le plus souvent cité par les élèves, car « au début il était antipathique mais à la fin il comprend le ressenti humain » écrit Ilian, avis rejoint par Jade, Louise ou Charlotte : « malgré ses erreurs il comprend et rassure Nawelle. » Lyna explique l’évolution des motivations de ce personnage : « je ne pouvais pas le détester car il a voulu continuer le processus de la justice restaurative même si le juge n’en prendra pas forcément conscience pour une remise de peine. Il est l’un des premiers à avoir vraiment cherché à connaître les victimes. » Ainsi, « on voit qu’il a évolué, qu’il regrette ce qu’il a fait et qu’il ne recommencera plus » selon Lilou, avis partagé par Matthéo ou Anaël ; à sa sortie de prison, « il se construit une nouvelle vie » (Théo)

Parmi les six personnages réunis lors des rencontres à la prison, quel personnage vous a le plus ému(e) ? Pourquoi ?

● Grégoire car « lors de son cambriolage, il a eu très peur pour lui et sa fille et lors du procès, ils n’ont pas cru sa fille » (Lizéa). Pour Sacha, ce personnage est aussi émouvant « quand il raconte son home-jacking et les trois années qui suivent de descente aux enfers. »
● Nawelle car « elle se dénigre en disant que c’est une mauvaise mère et une mauvaise femme (…) elle ne sort plus de chez elle car elle a peur. » (Kelly – Anaël)
● Nassim car « même après le procès, il n’a pas pleuré, après la mort de sa mère, il n’a pas pleuré : c’est un personnage vide, sans émotions. » (Lydia)
● Sabine, « une vieille dame qui a honte » (Léyna), a ému Ilian, Louise, Romane ou Théo. Charlotte et Lilou expliquent : « sept ans après, elle raconte son histoire avec autant de douleur : elle tremble et pleure », Jade ajoute : « elle pensait que c’était de sa faute, elle minimise son agression ». Romane précise : « Elle est aussi choquée par la violence de nos jours, je l’ai trouvée particulièrement touchante, elle m’a fait de la peine ». Pour Lyna, « elle se sentait tellement coupable de ne pas réussir à tourner la page, à ne pas pouvoir sortir de chez elle et de mentir à toute sa famille. »

A quoi le film vous a-t-il fait réfléchir ? Expliquez.

Le coupable doit « prendre conscience de ce qu’il a fait » (Lydia) car les conséquences sont « profondes et durables » (Louise – Anaël), parfois « irréparables » (Lydia) dans la vie d’un autre, alors que l’auteur du délit peut les considérer comme « pas graves » (Charlotte – Gabin).
Pour Jade, « certains actes peuvent être un traumatisme, même après plusieurs années » , « et il faut en parler pour aller mieux » (Kelly).
Il faut écouter les victimes, mais aussi les auteurs des délits (Lilou, Romane).
Pour Maël « les prisonniers ont un peu une seconde chance avec cette association » et la justice réparative.

Pourquoi ce film vous a-t-il été présenté dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire ? Comment ce film permet-il une réflexion sur le harcèlement ?

Ce sont les questions auxquelles deux classes de 3e, les 3e4 et 3e5, ont été invitées à réfléchir. Voici leurs réponses.

Éline en est bien consciente : « On peut trouver des éléments parallèles dans le film et dans le cas du harcèlement scolaire comme la place des victimes et des coupables. »
Timothée, comme Adeline, a bien compris que « ce film démontre l’ampleur que peuvent prendre les conséquences et les effets permanents sur les victimes de harcèlement (…) mais aussi montre le point de vue des harceleurs. »

Noa rappelle que « les victimes sont touchées physiquement et moralement ». Shaïna écrit : « Le harcèlement scolaire a un impact sur notre vie future comme le manque de confiance en soi ou la dépression », Mélina ajoute : « quand le harceleur arrête de harceler, la victime y pense, elle, souvent car elle est traumatisée. »
« Les [personnages] n’ont pas été victimes de harcèlement mais ont eu les mêmes sentiments et conséquences, par exemple la peur, la honte, la culpabilité, la colère, l’incapacité à le dire à d’autres personnes » (Noah). Zélie précise que « certaines victimes se sentent coupables et en viennent à trouver des excuses à leur agresseur. » Manon fait le lien avec les personnages mis en scène : « Issa minimise des actes comme un harceleur. Nawelle a peur d’une récidive comme dans une situation de harcèlement. Sabine pense que c’est sa faute. » Pour Clément, « D’après ce film, toutes les paroles ou tous les actes ont des conséquences sur les victimes qui se demandent pourquoi cela leur est arrivé et ils vivent alors dans la peur et l’angoisse. » Edgar met des mots sur ces « séquelles » comme « la peur de retourner sur les lieux, de revoir les agresseurs qui pourraient se venger. » Noam ajoute « l’isolement social, la perte de confiance en soi, le sentiment d’impuissance. Dans les cas les plus graves, cela peut aller jusqu’aux idées suicidaires comme l’évoque Grégoire dans le film. » Louise conclut « Les victimes se sentent seules et ont souvent des difficultés à en parler. »

La réflexion est possible « grâce aux histoires que nous avons écoutées, du côté des victimes comme du côté des coupables » (Louna) car « les coupables expliquent les raisons de leurs actes aux victimes » précise Léo. Lucas ajoute : « parfois, les agresseurs ne se rendent pas compte de l’ampleur de leurs actes ». Léa explique qu’« ils pensent souvent que ce qu’ils font n’est pas grave. Ils manquent d’empathie et ne voient pas la souffrance de la victime. Comme ils ne comprennent pas les conséquences, ils peuvent recommencer. Dans le film, ils ne réalisent la gravité de leurs actes, que lorsqu’ils sont face à des victimes et qu’ils les entendent. » Thibault ajoute « Quand des auteurs se font punir, rien ne garantit qu’ils ne recommenceront pas ». « Il faut qu’ils se rendent compte de leurs actes » (Marylou)

Pour Emma, « le fait de mettre en communication les victimes et les agresseurs permet aux victimes de réussir à surpasser [leur traumatisme] et les agresseurs se rendent compte de la gravité de leurs actes et de la répercussion de leurs délits sur les victimes. » « Ecouter l’autre peut déjà être une façon d’agir contre la violence. » (Eloïse)
Mayas ajoute : « Les auteurs de harcèlement peuvent se sentir coupables une fois adultes et sûrement regretter. »

Léa conclut sur le rôle des témoins : « Certains se taisent car ils ont peur de devenir une cible ou pensent que cela ne les concerne pas. Mais ces attitudes permettent à l’auteur de continuer. Agir en soutenant la victime ou en prévenant une autorité permet d’améliorer la situation ou de stopper toute forme de violence. »

Ainsi, ce film choral peut faire écho à ce que vivent les victimes du harcèlement scolaire, et à la prise de conscience nécessaire des harceleurs, afin que le harcèlement scolaire cesse enfin.

Les mots du harcèlement définis par les 3e5